Sujet d'invention
Pékin, le 24 octobre 2010
Monsieur l’éditeur,
Je vous prie de bien vouloir m'accorder quelques minutes de votre temps afin que je vous expose les motivations qui m'ont conduit à faire naître, sous la plume de mon stylo, l'anthologie poétique intitulée Les Choses les plus simples, dont vous trouverez, ci-joint, une copie.
Je n'ignore pas d'innombrables demandes d'édition comme celle-ci vous parviennent régulièrement. Dans ce cas, pourquoi vous intéresseriez-vous en particulier à mon travail ? Le sujet vous paraît peut-être quelque peu simpliste, comme le suggère d’ailleurs le titre ; et le choix du genre poétique un brin démodé. Mais j’estime qu'il n'en est rien. Permettez-moi de vous présenter mon point de vue quant aux bénéfices d’un ouvrage de la sorte.
Ayant moi-même été surmené par le travail ces derniers temps, je me résolus à prendre congé et de me convertir, pendant un certain temps en une personne que certains qualifieraient de ‘passif’ mais que je décrirais plutôt comme ‘qui prend le temps de vivre’. Ce changement subit me causa tout d’abord un certain ennui. Je ne savais que faire de cette abondance soudaine de temps libre. Je faisais les cent-pas dans mon appartement, j’ai arrêté lorsque je me suis rendu compte que j’étais en train d’y creuser des sillons. Je ne savais que faire. J’ai tout essayé : clic, double-clic et re-clic sur la toile, écraser les touches de la télécommande du téléviseur, remplir mon estomac de tout et n’importe quoi me tombant sous la main. Rien n’y fit. Je commençais à regretter l’époque où je devais me lever à 6h, prendre le métro puis m’installer devant l’ordinateur de mon bureau. Une idée me passa alors par la tête. Pourquoi ne sortirais-je pas