Suis je sujet de mes pensées

5359 mots 22 pages
Suis-je le sujet de mes pensées ? Proposition de traitement par M. Quesseveur, TS2, Saint-Cyr, 2011-2012. L'égoïsme, terme apparu au XVIIIe siècle et formé sur le latin ego – moi, sert dans la vie de tous les jours à désigner une personne « qui ne pense qu'à elle », ''qui ramène tout à elle'', ''qui ne pense pas aux autres'', ''qui ne partage pas''. Mais désigner ainsi l'égoïsme, est-ce considérer l'égoïste comme une personne incapable de penser à autre chose qu'à elle même? Une personne incapable d'avoir d'autres sujets de pensée? À l'égoïsme est opposée la charité, mais l'Homme charitable pense-t-il vraiment à autre chose qu'à lui-même? Ne cherche-t-il pas à donner une image de lui-même pour être félicité ou à se faire plaisir en rendant heureux une autre personne? Ne devrait-on pas alors voir ici aussi de l'égoïsme? Un égoïsme dissimulé, détourné, qui chercheraient à donner de faux-semblants? L'égoïste comme l'altruiste ne se prennent-ils pas tout deux comme sujet de pensée plus ou moins directement?
La notion de sujet est polysémique. Le sujet est à la fois le thème – on parle en effet de sujet d'expérience, de sujet de thèse, et de sujet d'un devoir – mais aussi au sens politique un homme subissant une autorité – on parle de sujet du roi et d'assujettissement. Mais doit-on alors voir dans l'égoïste la figure de celui qui dirige ses pensées, qui en est le maître et qui se prend consciemment pour sujet de pensée, ou bien un être soumis à ses pensées et qui y serait assujetti. Mais le sujet est aussi celui qui porte les attributs – predicare en latin, on évoque ainsi l'essence, la substance d'un être. Mais c'est aussi, au sens le plus moderne philosophiquement, un être conscient et libre. Un être capable de se représenter et de se prendre pour objet de pensée. C'est-à-dire si on prend un langage plus cartésien, un Cogito (je pense) se prenant pour son propre Cogitatum (objet de pensée). Mais alors se pose un problème : en me prenant moi, sujet de droit,

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