Stefan zweig
Le joueur d’échecs est un huit-clos où l’homme est enfermé dans une prison sans échappatoire. On peut analyser comment l’homme se comporte socialement, comment on peut lui inculquer une autre pensée que la sienne, le rendre fou par la répétition des sévices et des questions lors des interrogatoires brutaux et vicieux, par la solitude sans aucun contact vraiment humain. Il peut alors se tuer lui-même inconsciemment. C’est la vie de ce joueur d’échecs qui reflète bien l’état d’esprit de Stefan Zweig réfugié dans un pays qui l’héberge tandis que beaucoup de ses concitoyens meurent torturés, déportés. Il comprend le gouffre dans lequel tout espoir peut être anéanti.
Stefan Zweig commence le récit par la fin de l’histoire, en nous montrant deux champions d’échecs qui s’affrontent dans un tournoi international et un spectateur qui a l’air de savoir mieux jouer qu’eux, ce qui paraît presque irréel. Nous faisons ensuite marche arrière pour comprendre pourquoi ce joueur refuse de jouer, finit par accepter une partie avec le champion du monde, gagne, hésite à jouer la deuxième, la commence en gagnant puis laisse tout tomber pour sauvegarder son intégrité psychique. Stefan Zweig peut alors nous raconter la vie de ce joueur exceptionnel qui ne joue plus pour ne pas devenir fou.
Stefan Zweig fait une analyse très fine des qualités que doit posséder tout joueur de haute qualité ; « La patience, l’idée subite et la technique s’y joignent dans une certaine proportion très précise à une vue pénétrante des choses, pour faire des trouvailles comme on en fait dans les mathématiques, la poésie ou la musique (…). » (p. 689) Les joueurs sont décrits avec leur avidité du gain et leur soif de gagner : « Un pli profond se creusait de sa bouche à son menton tendu en avant, l’air agressif. Dans ses yeux, je reconnus avec inquiétude cette flamme de folle