Spleen de Baudelaire
On constate une chute : après le « ciel », il s’agit de la « terre ». En même temps, les deux éléments complémentaires semblent contaminés : plus aucune fuite n’est possible. Le paysage se métamorphose comme le suggère l’expression« est changée ». On observe un rétrécissement avec le motif du « cachot » dont le caractère humide semble être le prolongement de l’élément liquide suggéré dans la première strophe. L’humidité est souvent négative chez Baudelaire. Ici on relève une formule passive « est changée » dépourvue de complément d’agent. Un principe sans visage est à l’ouvrage ce qui est d’autant plus …afficher plus de contenu…
La proposition principale est mise en valeur par l’effet d’attente des trois subordonnées précédentes. Le rythme se fait rapide, brutal avec le « tout à coup ». Le phénomène hallucinatoire rampant jusque –là surgit avec force. Les cloches peuvent être interprétées comme des cloches réelles, le glas qui annonce l’enterrement de la cinquième strophe par exemple, mais le poète projette sur elles sa souffrance. Elles sont donc aussi à comprendre comme une hallucination sonore. Le réel est transformé par une sorte de magie hallucinatoire. La violence est extrême, suggérée par le mouvement frénétique « sautent avec furie » et par le « hurlement ». Les cloches font le lien entre la terre et le ciel, il s’agit d’une tentative pour s’extraire de la claustration. Au vers 15 « les esprits errants et sans patrie » constituent une longue périphrase pour désigner le poète tout en le comparant aux cloches