Spinoza et les passions
a) que l'on ne rend pas raison du reel en remontant des effets aux causes : mode de penser qui laisse place a l'ignorance, laquelle transforme la question des causes en question du sens et trouve refuge dans la volonté de Dieu imaginee comme premiere cause; b) que l'admiration est imagination d'un esprit rendu incapable de faire des comparaisons, donc de raisonner : elle ne peut que deboucher sur la stupeur ;
c) qu'elle est exploitee par ceux qui, ignorants eux-memes, tirent profit de leur ignorance et de celle des autres en se proclamant interpretes des dieux.
A quoi il faut opposer encore la recherche des vraies causes des miracles.
C'est cette derniere inversion, ontologique, qui est ici examinee : avec elle c'est l'idee de creation qui est invalidee, ainsi que sa consequence majeure : que le monde ou l'existence puissent etre saisis du point de vue d'un sens.
III - L'OBJECTIVISME DES VALEURS.
1) Du raisonnement precedent se deduit la croyance en l'objectivite des valeurs et des essences : ce que les hommes ont juge utile, ils l'ont erige en Bien.
2) De la ils ont conclu a l'existence d'un ordre naturel dans lequel chaque partie aurait une place conforme a sa fonction, c'est-a-dire a sa fin.
3) Mais comme les experiences partielles sur lesquelles ces imaginations sont fondees sont diverses et multiples, ce dogmatisme conduit au scepticisme et au nihilisme.
CONCLUSION
Ce mode de penser est revelateur de l'imagination des hommes, c'est-a-dire de l'expression dans leur pensee des rapports qu'ils entretiennent avec le monde exterieur.
Rationnellement il faut concevoir que la puissance infinie de la Nature ou Dieu produit une diversite infinie de choses suivant des rapports rationnels (lois) constants. C'est-a-dire que Dieu est cause immanente et non transitive de toutes choses. C'est de ce point de vue que s'estime la perfection et non a la mesure des avantages que les hommes peuvent en