Souvenir d'enfance
Quand j’évoque mon enfance, il me vient en mémoire les étés passés sur l’île de Ré avec ma famille.
Quand j’avais entre trois et six ans, nous louions une petite maison à ma grand’ tante sur l’île. L’été doux et humide, le picotement du sable sur les plaies, le goût du sel sur la langue, le vent fouettant nos visages, les chemins de terre battue avec les gravillons qui se coincent dans les sandales, les grandes prairies à l’herbe sèche pleines d’ânes aux longs poils et de quelques chevaux ramollis, l’herbe des dunes dérangée par le vent, les crêpes au sucre et les galettes au beurre, le caramel au beurre salé qui colle aux dents, les bateaux du port partant vers des horizons lointains à mes yeux d’enfant, voilà en partie ce dont je me rappelle.
Ma sœur et moi avions pêché des bigorneaux et prévoyions d’en faire un élevage dans des pots de confiture pleins d’eau et de sel. Me premiers bigorneaux, que j’avais surnommés Snorky et Palmyre, succombèrent des suites de ma main lourdissime sur le sel. Je pleurai toutes les larmes de mon corps, et nous procédâmes à l’enterrement dans le jardin.
Toujours en deuil, nous repartîmes à la mer en pêcher de nouveaux. Cette fois-ci, nous prîmes, au préalable, directement de l’eau de mer dans les pots.
Je me souviens aussi qu’à côté du jardin, il suffisait de franchir une palissade en bois pour arriver sur un champ de pommes de terre. Nous en volâmes quelques-unes et maman fit des frites.
Je me rappelle aussi que je ne voulais jamais faire de sieste. Je restais alors dans mon lit à regarder non pas le plafond, mais les étiquettes collées par les cousins de mon père quand ils étaient petits sur la monture en bois du lit superposé. En plus, la maison n’ayant pas d’étage, je passais par la fenêtre pour aller dans le jardin, enterrer les algues ramassées à la mer et couper les queues des lézards et les voir repousser.
Lorsque nous allions à la mer, soit nous nous promenions et regardions, fascinés, les