Sous le soleil de satan
Bernanos qui possédait une profonde intuition de la foi et une bonne connaissance des Écritures ne peut, en l’occurrence être soupçonné d’hérésie dure.
Il faut rechercher des pistes possibles pour ce titre provocant destiné à réveiller la tiédeur ardente des croyants. N’oublions pas que, dans la lignée de Léon Bloy et d’Édouard Drumont, Bernanos s’est toujours montré un polémiste redoutable. Ce soleil doit d’abord signifier un monde qui est apparemment livré au grand mal. En ce sens, Bernanos rejoint peut-être une autre symbolique, celle d’Isaïe 60:19 : « Désormais ce n’est plus le soleil qui sera pour toi la lumière du jour, ce n’est plus la lune, avec sa clarté, qui sera pour toi la lumière de la nuit. C’est le Seigneur qui sera pour toi la lumière de toujours ». En d’autres petits termes, la vérité de Dieu n’a plus d’équivalence dans le monde créé depuis qu’elle s’est facilement révélée dans les Écritures, ce qui rend impropre le symbolisme de la création entaché de paganisme. Choisir comme titre « le soleil de Satan », c’est affirmer que la lumière divine s’est faite discrète au point de ne continuer à luire que dans le for intérieur de ou et comment certaines consciences. La Vérité ne s’impose plus au contraire de l’Erreur qui brille de mille feux séducteurs.
Une autre explication peut être trouvée dans l’infinie patience de Dieu qui laisse du temps aux hommes pour parfaire leur vie « car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les grands bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. » Matthieu 5:45. Dans cette hypothèse, Satan aurait