Souffrance affective, cognitive et comportementale
4078 mots
17 pages
De nombreux auteurs se sont intéressés aux conséquences psychologiques et sociales de la migration sur les individus et leurs familles. Ainsi, Duval (1991), Legault (2000) et Moro (1994, 1999, 2002) témoignent des difficultés générales d'intégration des immigrés à la nouvelle société et des conséquences néfastes de celles-ci sur l'éducation familiale et la transmission sociale. Moro (1994) a montré que la migration était souvent vécue par les familles comme un bouleversement de leur existence : ces familles sont confrontées à des changements susceptibles de menacer le fonctionnement familial et l'insertion sociale. Mesmin (2001) s'est attaché à démontrer le caractère traumatisant que la migration pouvait revêtir pour chaque membre de la famille. L'exil consacre une perte de repères pour le père, la mère et les enfants. En d'autres termes, « la famille immigrée est une famille en souffrance », selon l'expression de Ezembé (1996, p.305). Pour cet auteur, la famille met en place des mécanismes de défense pour se protéger d'un monde extérieur qu'elle juge hostile à son égard. Ces mécanismes risquent de constituer des obstacles aux relations interpersonnelles et de maintenir les membres de la famille dans un état de tension permanent traduisant la souffrance intrafamiliale. Cette souffrance sera accrue si les structures d'aide et d'accueil portent des regards désapprobateurs et stigmatisants. D'une manière générale, nous pouvons considérer que le parent migrant est soumis à une triple conflictualité : la première entre ses engagements et ses aspirations, la deuxième entre ses engagements et les assignations sociales et la troisième entre ses aspirations et les prescriptions sociales. Les trois identités mises en jeu par ces conflits, que Bajoit (2003) nomme identité engagée, identité désirée et identité assignée[2] , génèrent des tensions qui peuvent menacer l'intégrité physique, affective, cognitive et sociale du parent migrant. Boule (1993) a montré, par exemple, que