On entend généralement par vérité scientifique ce qui est universel, immuable, nécessaire. Ces qualités font que la vérité scientifique est démontrable. La démonstration en effet doit pouvoir être faite n’importe où, n’importe quand, et produisant les mêmes résultats. On dira ainsi qu’une vérité scientifique est une vérité démontrée. C’est la définition de la science selon Aristote. Mais qu’est-ce que la démonstration ? Elle est un processus par lequel une vérité se manifeste et donc n’a pas besoin elle-même d’une confirmation extérieure. La démonstration, de ce point de vue, se confond avec l’évidence. Kant, dans la Critique de la raison pure, la définit d’ailleurs de façon suivante : « Seule une preuve apodictique, en tant qu’elle est intuitive, peut s’appeler démonstration ». La démonstration ainsi définie présuppose l’intuition. Mais sur un plan scientifique, est-ce vraiment suffisant ? Si l’on laisse de côté les mathématiques, en ne considérant que les sciences travaillant sur un objet déterminé, l’expérience est autant nécessaire que la démonstration pour valider leur scientificité. L’histoire des sciences nous démontre que les connaissances s’acquièrent dans un dialogue continu entre la raison et l’expérience, laissant penser que toute théorie scientifique n’a qu’un caractère provisoire, car on n’en finit jamais de dialoguer. La raison conduit l’expérience, comme l’expérience guide la raison. La démonstration est un raisonnement abstrait pour éviter toute particularité, alors que l’expérience est la manifestation provoquée de cas particuliers, jamais exhaustifs. La démonstration pour être valide doit être expérimentée, mais l’expérimentation n’épuise pas toutes les possibilités. Et une démonstration demande une expérience, laquelle peut ruiner celle qui l’a nécessitée.
Ainsi, la vérité scientifique existe, mais elle est plus une qualité qu’un territoire conquis, qu’une connaissance ferme et définitive. On est dans le vrai, à un moment donné, sous couvert