Société et individu
Dans quelle mesure l’individualisme est-il un danger pour la cohésion sociale ?
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Introduction
« L’enfer, c’est les autres. »
Par cette conclusion poignante à sa pièce Huis-clos, Sartre annonce la vague d’individualisme qui va submerger les sociétés modernes au cours des années 1960.
Si la notion de « moi » est typique de l’être humain, elle s’est toujours intimement entrelacée avec la culture grégaire également propre à notre espèce, l’une dominant l’autre selon la nature de la situation rencontrée par l’individu ; l’actuelle montée en puissance de l’individualisme bouleverse ces rapports dont l’équilibre se maintenait depuis l’aube de la civilisation humaine. Peut-on y voir une menace pour la cohésion sociale ?
Pour répondre à cette question il faut en premier lieu étudier la justification de la place de l’ individualisme dans la société moderne, et la fonction de ciment qu’il peut même y exercer (I) ; puis considérer les nuisances qu’il est susceptible d’engendrer au niveau de la cohésion sociale (II).
I L’individualisme joue un rôle fondateur et fédérateur dans les sociétés modernes
A L’individualisme est inhérent aux sociétés démocratiques modernes
Il faut tout d’abord rappeler que ce que fonde le développement de nos sociétés modernes par opposition aux sociétés traditionnelles, est bel et bien l’émancipation de l’individu par rapport à une totalité sociale, c’est à dire l’individualisme.
Politiquement parlant, l’individualisme est un concept d’origine purement démocratique dont le symbole peut être considéré comme la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ;
Les causes les plus fréquemment avancées à l’individualisme sont des phénomènes caractéristiques des sociétés ayant connu une révolution industrielle, comme l’exode rural (la vie citadine, compartimentée et chronométrée, ne favorise pas la vie communautaire),