Social
La fête est ce moment privilégié, toujours attendue avec impatience, qui se trouve moins à l'intérieur du temps social qu'à ses marges. Soustraite au temps de la production, elle aura lieu la nuit ou bien à ces dates du calendrier qui, marquant la jonction de deux périodes bien déterminées, n'appartiennent en propre à aucune. Aussi est-elle propice à la mise en relation de ce qu'il faut ordinairement séparer : les classes sociales, les sexes, les âges, voire les vivants et les morts, l'humain et le divin, le social et la nature.
Seulement, il y a finalement là moins confrontation, rencontre, dialogue, que dissolution provisoire. L'individu lui-même, libéré de son rôle social, est davantage sommé de s'étourdir et de se fondre dans l'indivis que de s'exprimer. Au verbe se substitue la frénésie, la jouissance, le vertige.
Oscillant entre le rituel et l'anarchie, la fête n'annonce pas un ordre nouveau, elle n'est pas la révolution. Elle est plutôt une parenthèse à l'intérieur de l'existence sociale et du règne de la nécessité. Elle est aussi ce qui peut conférer une raison d'être à la quotidienneté, d'où la tentation de multiplier les occasions de fêtes, au point, note Jean Duvignaud, que « certaines nations, certaines cultures se sont englouties dans la fête ».
I / La fête : Un espace/temps pour se réaliser, se jouer et se découvrir
« Jouer, c’est faire » et le jeu est « universel et correspond à la santé […] jouer conduit à établir des relations de groupes ».
Le jeu est la créativité (pulsions créatives, motrices et sensorielle) et la créativité est la découverte du soi, de son « existence comme unité ».
La conception de Winnicott est très proche de celle du moment primaire ou plénier. La description qu'il donne du jeu réunit les principaux attributs qui font la catharsis.
« Cette aire où l'on joue n'est pas la réalité psychique interne. Elle est en dehors de