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On lira également à profit, ci-dessous, une tribune dans Le Monde et une autre dans Libération.
Alain Badiou :
LE RÉVEIL DE L’HISTOIRE (Circonstances, 6) Paris, Nov. 2011.
« De même que les révolutions de 1848, au-delà de leurs échecs circonstanciels, ont sonné pour un siècle et demi le retour de la pensée et de l’action révolutionnaires, de même les soulèvements en cours dans le monde arabe, au-delà des replâtrages que va tenter de leur imposer la « communauté internationale », sonnent, à l’échelle mondiale, le retour de la pensée et de l’action des politiques émancipatrices. » Extrait…. (page 76) (…) Au fond, nos gouvernants et nos médias dominants ont proposé une interprétation simple des émeutes dans le monde arabe : ce qui s’est exprimé là est ce qu’on pourrait appeler un désir d’Occident. Un désir de «bénéficier» de tout ce dont nous, repus somnolents des pays nantis, «bénéficions» déjà. Un désir d’être enfin intégrés au «monde civilisé» que les Occidentaux, indécrottables descendants de colons racistes, sont si certains de représenter qu’ils montent des «tribunaux» internationaux pour juger quiconque affirme d’autres valeurs – certes parfois en effet peu recommandables –, ou fait seulement mine de secouer la pesante tutelle de la «communauté internationale» – certes parfois de façon purement intéressée. Ce faisant, les Occidentaux drapés dans le manteau du Droit oublient que leur prétendu pouvoir de dire le Bien n’est que le nom modernisé de l’interventionnisme impérial. Tout mouvement de masse est à coup sûr une demande pressante de libération. Au regard de régimes aussi despotiques, corrompus et asservis aux désirs impériaux que ceux de Ben Ali et de Moubarak, une telle demande est on ne peut plus légitime. Que ce désir comme tel soit un