Sainte-flannelle
Conseillez-vous aux enseignants de faire lire ce roman aux élèves de l’année prochaine?
On ne court guère de risques d’errer en s’hasardant à dire que, dans toutes civilisations évoluées, les icones sportives sont adulées, encensées, idolâtrées. Le sport organisé prend toute son envergure par le biais de leurs exploits. Leurs prouesses croissent à vue d’œil. Passant du stade d’humains à celui de véritables demi-dieux, on évoque alors nos géants du sport comme si leurs performances prodigieuses relevaient de l’onirisme. Certains de ces individus transcendent les années, jusqu’à devenir immortels dans l’esprit des initiés. Et même plus encore.
Le Québec abonde de ces surhommes; Maurice Richard, Guy Lafleur, Jean-Béliveau… Si certains athlètes font partie intégrante de l’imaginaire collectif, ce fut assurément en raison de l’oppression de l’Église et du gouvernement au mitan du siècle passé. Ce phénomène est observable à grande échelle chez les jeunes ou les moins jeunes adeptes. Les justifications de ces petits péchés, divergeaient pourtant. Ils égayaient une époque obscure, ils concevaient l’archétype paternel idéal –afin de se concevoir soi-même-, … à chacun son idéal.
Le bouquin de Claude Dionne «Sainte-Flanelle, gagnez-pour nous» témoigne inéluctablement de cette réalité révolue.
Ce roman est le récit bouleversant, mais néanmoins juste d’un garçon en manque d’idéal –père absent, belle-mère acerbe, acariâtre, acrimonieuse, chipie, sorcière, et plus encore. Il s’associe en bas âge à Jean Béliveau, à qui il voue une grande adoration et colmate ainsi un déficit affectif en alimentant du coup le culte de l’existence factice d’une mère aimante, la cherchant vainement. Cela faisait plus de trente ans que ce mal vibrait encore et toujours en son cœur jadis altérable. Mais c’est à travers des faits et réponses que Clément se défera progressivement de cet amour quasi maladif du fameux no.4, grâce à la présence