Saint John Perse Pour f ter une enfance Eloges 1911
Notre texte est une célébration de l’enfance. On dit souvent que Saint-John Perse (en réalité Alexis Leger) et Francis Ponge s’opposent car le premier a une conception très haute du langage poétique alors que le second conçoit plutôt le poète comme un artisan.
Étude du texte
La disposition du poème est particulière. On ne peut pas parler de vers à proprement parler mais plutôt de versets. À l’origine, les versets sont les divisions numérotées des paragraphes dans la Bible. Les versets se définissent comme étant toute étendue de discours poétique délimitée par l’alinéa mais dont la longueur empêche qu’elle soit considérée comme un vers.
Le travail sur le rythme est évident : le verset métrique repose sur l’emboîtement des cellules métriques ; la base est de six syllabes / quatre syllabes. Les assonances soulignent le retour de la cellule métrique. On observe par ailleurs la nécessité d’une diction particulière (avec le maintien de l’emuet) ce qui n’est pas sans lien avec la dimension processionnelle, incantatoire du poème. La langue s’écarte manifestement de la prose, elle est travaillée : on constate des inversions, des figures (anacoluthe à la fin du poème par exemple), des rejets et des contre-rejets. La forme figée « appelait-par-leur-nom » insiste sur l’importance de la nomination. Le refrain « sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ? » présente un polyptote (« avait » / « a ») et installe le présentatif qui est la clef du texte : le refrain fait miroiter la perte, celle d’un présent décevant et d’un passé plus riche → nostalgie, désir du retour.
Le travail sur le lexique : l’écriture est fondée sur l’énumération d’objets dans un certain désordre. Notre texte présente la réalité antillaise et met en valeur le caractère exotique de l’enfance (champ lexical). « L’oiseau Annaô » n’existe pas : s’agit-il d’une onomatopée, du cri de l’enfant ? On constate ici l’importance de la nomination