Safari de Colette
Le recueil des Vrilles de la vigne est le premier ouvrage que Colette publie sans le contrôle de Willy, son premier mari, dont elle s’est séparée. Le livre commence par une fable éponyme (= « dont le nom (onoma) est inscrit sur (epi) le titre) pour illustrer la volonté de l’autrice de trouver son propre chant. Dans « Le
Miroir », Colette convoque une figure de son passé …afficher plus de contenu…
Refusant d’abord de se joindre à l’épanchement artificiel de son personnage sur leur supposée enfance, Colette montre la permanence de ses sentiments et de ses sensations pour le monde qui l’entoure depuis son enfance, avant de concéder sa nostalgie d’un passé révolu. Par la réminiscence (= reconstitution d’un souvenir), Colette ébauche un premier portrait d’elle-même, empreint à la fois d’humour et de nostalgie. Réconciliée avec Claudine, à qui elle confie le secret de son enfance, Colette évoque finalement le vol nocturne de leurs « pensées », comme si le passé lointain l’aidait à se reconstruire et à accepter un passé plus récent et plus douloureux (la période de création des Claudine). Le portrait d’elle en petite sauvageonne qu’elle esquisse ici annonce …afficher plus de contenu…
Elles me servaient de cordes à passer dans l’anse du panier à goûter, de pinceaux à tremper dans l’encre ou la couleur, de lanières à corriger le chien, de ruban à faire jouer le chat. Ma mère gémissait de me voir massacrer ces étrivières d’or châtain, qui me valaient, chaque matin, de me lever une demi-heure plus tôt que mes camarades d’école. Les noirs matins d’hiver, à sept heures, je me rendormais assise, devant le feu de bois, sous la lumière de la lampe, pendant que ma mère brossait et peignait ma tête ballante. C’est par ces matins-là que m’est venue, tenace, l’aversion des longs cheveux… Colette, « Ma sœur aux longs cheveux », La Maison de Claudine