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Une des particularités d’Amélie Nothomb est qu’elle est hors du temps. Pour preuve, ce roman a pour toile de fond la télé-réalité, alors que le sujet n’intéresse plus personne – ou plutôt qu’il s’est banalisé, terriblement banalisé – une fois l’hystérie «loftienne» de l’an 2000 passée, et tout son corrélat d’essais alarmistes, d’articles intello-psycho-démagogiques, d’ouvrages catastrophistes et de témoignages vulgaires (une manne pour l’édition et la presse françaises). Au moins, on ne pourra pas reprocher à la Belge de surfer sur les sujets «tendance» ! L’émission décrite par Nothomb s’appelle «Concentration» et son principe est simple, puisqu’il est ultime : des personnes enlevées au hasard sont enfermées dans un camp totalitaire, soumises à la brutalité de kapos castés (et parfois castrés, puisqu’on y trouve des femmes), sous le regard des caméras de télévision.
Comme point culminant de ce programme scandaleux, qui bat, comme de bien entendu, toutes les audiences, on trouve, comme souvent dans les romans de Nothomb, un couple de femmes antinomique, passionnel et manichéen : une jeune et belle kidnappée, Pannonique, et une kapo bête, laide et méchante, Zdena. Cette dernière s’éprendra follement de la sublime martyre, sorte d’icône virginale des prisonniers… Régulièrement, les kapos décident ceux des prisonniers qui seront conduits à la mort. Mais, devant le succès de l’émission, les producteurs finissent par décider que c’est le public qui choisira lesquels vivront et lesquels périront. Des jeux de cirque virtuels, en quelque