Sable rouge
De Juin à Août, il y a déjà 70 ans ou presque
Et d'une manière plutôt burlesque
Un soldat transportait dans ses godasses
Un peu de sable rouge, et ça l'agace
Des cartouches, un peu de caillasse
Il les vide, puis se remet en chasse
Avec son beau fusil fraichement lustré
Il brillait, c'était beau - moi, ça m'dégoûtait
Mais le soldat y allait quand même
Pas de fleur au fusil dans son stratagème
Sable rouge et deux cartouches
L'une s'efface, l'autre ne doit pas rater sa cible
Elle est maintenant enfoncée profondément dans ma poitrine
Comme dans celle de 50 000 autres hommes
Sur cette plage de sable rouge, on a revu, imaginé la scène de ces hommes qui étaient partis, laissés pour compte comme du bétail en première ligne. Ils avaient était lâchés, traînés, et la seule issue qui leur était offerte était une mort rapide et sèche. Ces hommes le savaient. Pourtant, ils ne le regrettaient pas. C'est ce qui était beau, chez eux : ils se battaient pour une cause qui leur paraissait juste, alors ils y allaient pleinement conscient de leurs actes.
Et nous, moi, avons remarché sur leurs pas. Peut-être n'avions-nous pas tout le respect du monde envers ce lieu, nous ne pleurions pas leurs morts ; et d'ailleurs surement était-ce là le but recherché, pouvoir s'amuser entre amis, rigoler franchement sur des lieux où, des décennies plus tôt, on s'y battait à sang et à bras – ils se battaient pour que nous n'ayons plus à penser à toute ces horreurs. Je pense que ce que la plupart d'entre nous, moi le premier, avions développés en visitant ces lieux, était surtout de l'admiration : je suis quelqu'un de peureux, jamais je ne serais capable de donner ma vie pour une cause de cette envergure. Alors, surement est-ce que j'aurais déserté la guerre, fuir la guerre m'aurait parut être la meilleure option – je maintiens de toute façon cette position, la guerre est la chose la plus horrible qui soit, et qui jamais n'aurait du exister. Mais ces hommes qui