Sabbioneta, une ville italienne utopique
Une ville à mesure d'homme. Vespasien de Gonzague décida de s'en faire construire une, selon sa volonté et ses désirs. Une ville qui naquit et mourut avec lui, après avoir célébré la puissance seigneuriale de l'une des dynasties les plus prestigieuses du Rinascimento. Dans la seconde moitié du riche et fastueux XVIe siècle, Sabbioneta fut effectivement un lieu d'élection débordant de vie, de fêtes et de bals, de lectures et de conversations. 1591, l'année de la mort de son fondateur, marqua le début, lent mais inexorable, de sa décadence.
Il n'empêche que l'on respire encore, plus de quatre siècles plus tard, l'atmosphère de la ville de jadis : une "ville idéale", ni plus ni moins. On entre à Sabbioneta par une des deux portes monumentales de la Sabbionetana, la route qui relie la ville à Mantoue. Dès qu'on en franchit le seuil, on ressent un certain décalage, une sensation d'irréalité. Comme si l'on était dans une autre époque.
A l'âge de 13 ans, en 1544, Vespasien de Gonzague fut envoyé en Espagne à la cour impériale de Charles V pour être page d'honneur de l'infant Philippe. Et c'est à l'âge de 27 ans, après avoir affiné sa conscience en assumant des responsabilités d'un certain poids pendant des années, qu'il décida de faire construire une ville à sa mesure. Ses etudes d'architecture militaire, menées parallèlement à son éducation classique et humaniste, lui furent fort utiles, tout comme sa connaissance approfondie des traités de Vitruve. [Marcus Vitruvius Pollio, architecte romain du Ier siècle, tenta de codifier dans De Architectura les principes de l'architecture hellénistique.] Vespasien imagina et dessina sa ville avec un fol enthousiasme et un grand esprit de décision. Les maisons du bourg médiéval préexistant, qui gênaient son plan, furent