Résumé | Malgré l’aliénation culturelle qui imposa aux peuples l’écriture et les langues de l’occupant colonialiste, le souffle de l’âme ancestrale n’a cessé de troubler l’esthétique des arts d’expression hérités de la civilisation occidentale, en l’occurrence le roman ; faisant ainsi peser le thème de l’identité, puis des identités culturelles dans l’orientation de l’activité critique qui encadre la littérature émanant du continent africain. De là est venue l’idée de réfléchir sur l’œuvre littéraire d’écrivains africains francophones, ayant la particularité d’appartenir à l’une de ces nombreuses civilisations originelles de l’Afrique : la civilisation mandingue ou le mandenkaya pour reprendre la formule locale. Le choix de travailler sur des romanciers mandingues, relève de la volonté de ramener l’emploi de la notion d’oralité pour définir les identités culturelles littéraires, dans son empirisme concret, et d’admettre que l’écriture ou l’art romanesque qui s’en inspire, investit parfois des territoires dont les frontières côtoient certainement le mythe, où s’exprime séculairement la « mandinguinité », c’est-à-dire l’âme ou les traits spécifiques à la civilisation mandingue. C’est cette spécificité qui est recherchée à travers les écrits de Massa Makan Diabaté, de Djibril Tamsir Niane et d’Ahmadou Kourouma, afin de répondre aux préoccupations préliminaires relatives aux aspects identitaires qui pourraient prendre une place essentielle dans la caractérisation du modèle de l’écriture. Rarement dans l’histoire littéraire du continent, les écrivains n’ont autant insisté sur leur culture, reléguant à un degré moindre leur appartenance nationale respective. L’impact culturel sur la production littéraire de ces écrivains se dévoile à travers la récurrence de la tradition, du passé historique et mythique d’une part, et à travers la manifestation des langues mandingues au côté de la langue française, d’autre part. Au regard du poids de la culture, définitivement