La nuit venait de tomber sur El’Idilio. Plus rien à perte de vue. La nature reprenait le dessus, on fermait les yeux, et on ne percevait alors que le bruit des animaux, le murmure des oiseaux encore debout, les parasites comme les moustiques qui vous siffle à l’oreille des sons pénibles et incontrôlables. Aujourd’hui, avait été une belle journée, sans trop de soucis. Le maire n’avait pas rechigné, il était resté dans son fauteuil poisseux enveloppé dans semblant de cuire. Les habitants ne s’étaient pas plaints non plus, la pêche semblait même être plaisante, oui, c’est cela. Plaisante, amusante. Les occupants de cette ville, ne voyaient – et ça il y a déjà fort longtemps – la pêche que comme un moyen de se nourrir assez rapidement, fallait-il encore être habile et rusé. Cependant, ce jour là, annonçait la venue d’une personne. Rubicondo Loachamin. En effet, depuis la chasse au jaguar, le dentiste n’était pas revenu, et les habitants commençaient à s’inquiéter. A-t-il fuit ce village pour échapper au danger ? Fallait-il faire de même ? Le vieux, Antonio Bolivar, lui, avait totalement confiance en son ami. Lorsqu’il est revenu deux jours après avoir tué la bête, on lui avait appris que le dentiste était parti en urgences.
Un son assourdissant vint perturber le sommeil du vieux, qui le réveilla dans la bonne humeur.
Le Sucre fit son apparition dans l’ombre du soleil. Repeint, (depuis peu certainement), il arborait des couleurs harmonieuses, éclatantes. Sur le pont, le dentiste était debout, guettant le moindre mouvement du bateau, scrutant les minuscules vagues qui se coupait pour laisser entrer le navire. Tournant la tête, il vit Antonio Bolivar lui dévoilé un sourire sincère, amical. Il avait mis ses dents pour l’occasion. Un an, d’attente. Le vieux ne pensait plus jamais le revoir, après cette disparation soudaine, mais heureusement, il était là. Descendant les marches usées de l’escalier de la chaloupe, le dentiste médita la dernière phrase qu’il avait dit au