Rédaction à la manière de balzac
La rue Mignon, située en plein cœur de Paris, à proximité de l’ile de la Cité, accueille un incessant va-et-vient de passants qui s’arrêtent et parlent aux écaillères, portiers et commerçants. Les maisons datent d’un siècle, les gens qui y habitent ont eu le temps de se faire leur place, chacun se connaît. Monsieur Bignon, bottier depuis plus de quarante ans tenait une échoppe du côté impair de la rue, dans le quartier il est le seul à pratiquer son métier, tout le monde passe par lui. Au bout de plusieurs années, il a réussit à faire son moule, il est à sa place dans son magasin comme ancré dans sa façade.
A côté se tenait la charrette de monsieur Dresnay, le rémouleur, chaque matin il passe et s’arête près de l’échoppe du bottier un moment puis continu sa tournée. Les gens lui apportent couteaux, ciseaux et autres ustensiles tranchants. Sa charrette est composée d’un bâti en bois sur laquelle repose une meule en grès, une petite enclume ainsi qu’un gros marteau. Comme l’aiguisage des couteaux ne rapporte guère, Dresnay, pour arrondir ses fins de mois, était aussi affûteur de lames de scies, il portait pour se protéger des coupures un grand tablier de cuir marron assorti à la teinte de sa peau devenue presque mate tout au long des années à force de rester debout en plein soleil depuis l’âge de vingt ans et sa peau était marquée ça et là de fines cicatrices causées par les étincelles des lames. Sa beauté s’était éteinte aussi vite qu’elle était venue laissant place à un visage marqué par les longues années de labeur que certains qualifiaient de repoussant. Alexandre-Gabriel Decamps a su représenter le rémouleur dans toute sa