Rwanda
Entre avril et juillet 1994, quelques 800 000 hommes, femmes et enfants, principalement Tutsis, ont été massacrés au Rwanda. La qualification de génocide pour désigner ces crimes et la conclusion que l'Organisation des Nations unies (ONU) n'a su ni l'empêcher ni la faire cesser plus tôt sont retenues, en novembre 1994, dans la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui institue le Tribunal pénal international pour le Rwanda, puis en 1999, par la commission mandatée par le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan*. *
Les causes de ce génocide furent multiples : outre l'accumulation de haines entre les communautés Hutu et Tutsie au fil des années et l'enchaînement des événements déclencheurs, d'autres causes ou responsabilités, intérieures ou extérieures, ont été évoquées par les différentes commissions d'enquêtes.
I. L’inspiration du génocide
L'inspiration du génocide trouve sa source principale dans le retournement politique de 1959 qu'on a appelé « la révolution sociale » et qui a débouché sur la fuite de plusieurs dizaines de milliers de Tutsi, la création de la première République et l'indépendance du Rwanda.
À la suite de ces événements, eux-mêmes très liés à la structuration de la colonisation belge au Rwanda, les exilés Tutsi ont été perçus comme une menace permanente par les dirigeants Hutu, qui craignaient leur désir de revenir au Rwanda par la reconquête du pouvoir. L'extermination des Tutsi était « dans l'air », dans le prolongement des événements de 1959, 1963 et 1973, qui balisent l'histoire du Rwanda post-colonial.
Déjà le 4 février 1964, un article du journal Le Monde était titré : «L'extermination des Tutsis, les massacres du Rwanda sont la manifestation d'une haine raciale soigneusement entretenue ».
Le retour armé du FPR en octobre 1990 va déclencher sur ce terreau historique et culturel la montée en puissance d'une idéologie anti-Tutsi. Ce mouvement sera amplifié par les