Romances sans parole de Paul Verlaine
J’emprunte beaucoup, pour cette présentation de ces poèmes de Verlaine, à l’excellente analyse de Geneviève Winter publiée dans le fascicule consacré au thème de La parole aux éditions SEDES sous la direction de Véronique Anglard.
De l’italien arietta (petit air), l’ariette est, en musique, un petit air léger et détaché, à l'imitation de la musique italienne. Les cantates, les petits opéras et les opéras-comiques sont mêlés de récitatifs et d’ariettes. L’ariette a ensuite changé de sens, en France, pour signifier un grand morceau de musique d'un mouvement pour l'ordinaire assez gai et marqué, qui se chante avec des accompagnements de symphonie : les ariettes sont communément en rondeau.
C'est aussi une forme poétique inventée par Tristan Corbière, qui est un rondeau réduit de 13 vers à 12 vers. Il se construit sur 2 rimes et adopte traditionnellement comme refrain le 1ervers, répété aux 7ème et 12ème vers. Sa forme est : ABBA ABA A BBAA. Epigraphe de Favart (Caprice amoureux ou Ninette à la Cour, comédie en deux actes mêlée d’ariettes, 1756) auquel Verlaine s’est intéressé grâce à Rimbaud. Le poème donne à entendre le frêle murmure (v. 7) de voix mystérieuses au sein d’un paysage-monde de sensations, un chant en sourdine hésitant entre « l’extase » et la plainte. L’histoire peut être celle de deux âmes anonymes (v. 16) ou d’une seule qui se confierait à elle-même sa tristesse. Ariette du balancement de Verlaine entre Mathilde et Rimbaud : « le symbole de la vie ballottée […]