Roger caillois, l'homme et le sacré
Roger Caillois, L’Homme et le Sacré .
[…] Si la structure nouvelle des sociétés et la forme mécanique ou scientifique des combats substituent au héros attiré le combattant innombrable et anonyme, elles n’ont pas modifié la vieille attitude. La nécessité d’un discipline précise et les moyens de l’appliquer rigoureusement limitent sans doute la fantaisie des excès d’autrefois, mais la guerre gagne sans cesse en ampleur ce qu’elle perd en déchaînement instinctif. Elle acquiert ainsi un autre caractère de la fête : sa nature totale. Le combat devient affaire de masse et l’on cherche à vaincre au moindre prix. Aussi frappe-t-on le faible. La tactique fuit la rencontre à armes et à chances égales. On s’éloigne du duel pour rejoindre l’assassinat ou la chasse. On tente de surprendre un adversaire inférieur en nombre et en armement pour l’écraser à coup sûr, en restant soi-même, si l’on peut, invisible et hors de portée. De plus en plus, la guerre est conduite de nuit et au moyen du massacre réciproque des populations désarmées dont le travail permet l’approvisionnement des combattants.
Éd Gallimard.
ANALYSE :
Ce texte est un extrait de L’Homme et le Sacré de Roger Caillois (1939). Même si cette œuvre porte avant tout sur la fête et le sacré, ce passage traite de thème de la guerre qui est d’actualité en 1939. Il annonce déjà les positions politiques de De Gaulle qui le rejoindra en 1931. C’est ici un essai qui est proposé mais Roger Caillois est aussi connu en tant que poète.
I_ Une argumentation rationnelle A_ Le texte s’organise en une structure claire faisant apparaître trois grandes parties ; c’est un raisonnement déductif puisque le raisonnement général apparaît de la l.1 à 4. Deuxième partie : définition de la guerre moderne (l.4 à 11) et enfin, troisième partie : la guerre est synonyme d’une action de lâche (l.11 à 19).
B_L’argumentation s’organise à partir de connecteurs logiques dont la fonction permet l’enchaînement des idées ;