Rien
Publié en 1930, Regain est le dernier roman de la trilogie intitulée Pan – les deux autres étant Colline et Un de Baumugnes. Comme les deux précédents, c'est un joli conte, qui vaut par sa vivacité, sa poésie un peu naïve et sa fraîcheur. Le thème en est la résurrection d'un village.
Le moins qu'on puisse dire est qu'on ne languit pas en lisant cette histoire. Ce livre a exactement la joyeuse et savoureuse vigueur d'un verre de vin !
Dans Aubignane ne restent plus que trois malheureux habitants : Panturle, Gaubert le forgeron et Mamèche, une vieille Piémontaise sèche et noire qui y a perdu, aussitôt installée, son mari et son enfant. Les champs, réputés trop arides, sont laissés à l'abandon et le village semblerait tout à fait mort si, de temps à autre, le vieux forgeron ne tapait, à coups clairs et réguliers, sur son enclume. Non pas pour travailler mais pour se dégourdir. Hélas voilà qu'un automne, appelé par son fils, il s'en va lui aussi.
Passe un morne hiver. Mamèche dit à Panturle qu'il lui faudrait une femme, qu'alors le village pourrait renaître. Il acquiesce, mais où la trouver ? C'est un sauvage, cet homme. Jusqu'à ce qu'elle meure, il s'est contenté de la compagnie de sa mère. Depuis, il se parle à lui-même. Et si je t'en ramène une, demande Mamèche, tu la prends ? Oui, répond-il. S'achève l'hiver. Contaminée, peut-être, par son unique voisin, Mamèche s'est mise, de son côté, à parler seule. Panturle la surprend plusieurs fois qui marmonne : "Il faut que ça vienne de toi d'abord si on veut que ça tienne" ou d'autres phrases de ce genre. Puis, sans crier gare, elle disparaît. Il se trouve que c'est juste au moment où le rémouleur Gédémus et Arsule sa compagne partaient en tournée. Ils devaient commencer par traverser un immense plateau, nu et venteux. Voyant, de loin en loin, une forme noire sauter entre les herbes, ils prennent peur et changent de chemin. Ils se fourvoient ainsi à Aubignane. Or le grand Panturle, tout secoué