Rien a craindre, rien
On retrouve ce fait au travers de l’insistance des verbes croire ou imaginer donnant à voir l’idée de l’illusion autant que le scepticisme de l’auteur. Ainsi selon Barnes, seuls les « amateurs de leur propre existence », opposés aux philosophes du Sujet, seraient en mesure de bien saisir leur identité ; de se la représenter réellement à eux-mêmes par peur de la perdre. Par là, perdre son identité amène à ne plus se connaître soi-même : devenir un homme sans visage. En effet, de « espérons pouvoir conserver jusqu’à la fin », transparaît la peur de la mort. Plus précisément, l’idée qu’avec la fuite du temps disparaissent les capacités perfectibles de l’Homme. Que ce dernier perde ses capacités intellectuelles et mémorielles. En somme, qu’il devienne sénile et ne se reconnaisse plus lui-même autant que les autres ne le reconnaissent plus. Cette idée est reprise par Rousseau dans son Second Discours : par sa …afficher plus de contenu…
Par là, la tradition philosophique issue de Descartes, qui posait le sujet comme une certitude rationnelle, à l’origine d’une vérité métaphysique universelle (la conscience de soi), se trouve annihilée par l’auteur. Barnes oppose en effet le sujet cartésien par lequel la pensée fonde l’humanité et l’identité, à une théorie scientifique toute puissante. Le cerveau constitue et fonde désormais l’identité du sujet : « ce sont les pensées qui me produisent ». Ce n’est donc pas le sujet qui par sa conscience produit la pensée mais bien la pensée qui, comme phénomène physique, détermine la conscience. Conformément à Nietzsche dans le paragraphe 147 de