Rhinocéros
Les deux grandes guerres mondiales ont eu une influence majeure sur la littérature. En effet, exposant les effets dévastateurs d’un régime fasciste, la montée du nazisme dirigée par Hitler a incité les réflexions des existentialistes concernant la responsabilité de l’homme engendrant leur engagement social et politique. Si bien que le théâtre de l’absurde a exploité cette notion d’engagement en mettant en lumière l’absurdité de la condition humaine par un humour noir. L’un des défenseurs de ce courant, Eugène Ionesco, touché par l’expérience de Denis de Rougemont ayant naïvement pris part à un rassemblement nazi en 1936, dénonce dans sa pièce Rhinocéros, publiée en 1959, les misères humaines du totalitarisme. Plus précisément, il fait appel aux caractéristiques du théâtre de l’absurde, concernant tant les personnages que la mise en scène, pour exposer le dangereux phénomène de massification. Or, nous verrons la dépersonnalisation des personnages puis l’absurdité par la scénographie.
Dans la pièce Rhinocéros, Ionesco a recours aux caractéristiques du théâtre de l’absurde, pour mettre en lumière le phénomène de massification, en dépersonnalisant ses personnages. En effet, tous ses personnages, à l’exception de Bérenger, ont une identité à la fois indéterminée et stéréotypée. Ionesco ne décrit que peu ses personnages puisqu’il préfère leur attribuer un nom symbolique. Par exemple, certains personnages tels que la Ménagère, la Serveuse, l’Épicier et le Patron du café ne sont nommés que par leur fonction, ce qui amplifie leur rôle utilitaire. D’autres personnages comme le meilleur ami de Bérenger, Jean, ne sont identifiés que par leur prénom. C’est aussi révélateur puisqu'ordinaire et répandu comme le veut son prénom, Jean est un personnage conformiste. Il est d’avis que « L’homme supérieur est celui qui remplit son devoir. » et vit selon cette conviction. La dépersonnalisation sert à Ionesco pour donner à ses personnages une identité vague. Moins ils sont