Ressources naturelles
La polémologie (science de la guerre) souligne le rôle crucial que l’accès aux ressources joue dans le déclenchement et la perduration des conflits. Les crises récentes et actuelles n’échappent pas à cette règle et derrière les conflits modernes se retrouvent souvent les mêmes causes que les plus vieilles guerres du Monde. Ainsi, au Moyen-Orient, l’eau qui alimentait les guerres mésopotamiennes est aujourd’hui une des composantes clé du contentieux sur le Golan (impliquant Syrie, Israël et Jordanie) et de la crise palestinienne.
En Afrique, la frange sahélo-saharienne, depuis la côté sénégalaise jusqu’aux abords de la Somalie, connaît une conflictualité assez bien corrélée aux courbes de pluviométrie. Celles-ci entraînent des compétitions pour les pâturages en zone pastorale et, plus au sud, des confrontations entre agriculteurs et peuples pastoraux. En Somalie, la guerre des clans garde encore bien des caractéristiques des guerres pour l’eau et les points d’eau, et seule l’implication nouvelle du « fait religieux » arrive à modifier une donne jusque-là intangible. L’échec de l’ONU s’explique largement par la non-compréhension de ce fait central. Au Rwanda et au Burundi, la composante « accès au terrain agricole » est, depuis longtemps, un élément de conflictualité flagrant : les crises y sont d’abord celles de « paysanneries dans la tourmente » prises dans des conflits fonciers et l’inégalité de la distribution de la rente caféière. Les conflits intercommunautaires à l’Est du Tchad relèvent aussi des questions de gestion des territoires agricoles et des zones de pâturage. Au Darfour, le casus belli est moins la rivalité ethnique que la compétition pour l’espace et les ressources de la région, le tout récupéré et manipulé par des intérêts politiques.
L’habillage politico-diplomatique que certains conflits ont revêtu, notamment dans le contexte de la guerre froide puis dans le cadre de négociations