Responsabilité et cupabilité
La présence de l'art dans toutes les civilisations et à toutes les époques est une certitude, même si le terme « art » renvoie à des pratiques artistiques très différentes. On peut s'étonner de cette présence, alors que l'art ne semble pas satisfaire un besoin vital, physiologique, à la différence de la technique qui vise à produire des objets utiles. Il peut donc être légitime de se demander si l'art est inutile, même si cette question paraît provocatrice car généralement ce qui est inutile n'a aucune valeur.
Nous verrons donc dans un premier temps que l'art peut en effet être considéré comme mutile car il n'a pas de fonction pratique, mais que cette inutilité ne le dévalorise pas pour autant, puis nous montrerons dans un second temps que si l'on distingue plusieurs sortes d'utilité, l'art apparaît alors utile.
I- La différence entre l'art et la technique
Alors que la technique vise à produire des objets utiles, qui nous permettent de maîtriser la nature et d'avoir une vie plus confortable, plus agréable, l'art vise essentiellement la beauté. C'est à partir de ces critères (la beauté et l'utilité) que l'on a distingué deux pratiques qui dans l'Antiquité étaient désignés par le même mot « techne ». Cette comparaison montre que l'art peut en effet être considéré comme « inutile"» : un tableau ou un poème ne sont d'aucune utilité pratique, alors que l'on voit clairement l'utilité d'une table ou d'une chaise.
Ce refus d'une utilité de l'art est souligné par Kant lorsqu'il analyse l'effet que la beauté doit procurer aux spectateurs. Alors que ce qui est agréable procure un plaisir à nos sens et satisfait en même temps un besoin, comme par exemple le fait de manger un gâteau au chocolat, la beauté ne satisfait aucun besoin, c'est un plaisir purement spirituel qui doit être désintéressé. Cf. Le texte de Kant analysant les différentes réactions possibles face à un château : pour apprécier uniquement la beauté du château, il ne fau