René de chateaubriand
Au 19e siècle, le statut social d'une personne ne garantissait plus le respect de façon systématique. «Égalité, fraternité, liberté» était devenu le slogan à la mode. Ce changement profond des mentalités bouleverse l'existence d'une génération d'individus romantiques dans l'âme, tout particulièrement ceux de la noblesse. René, personnage et titre du roman de Chateaubriand, se sent bien seul dans ce nouvel état. Le rejet social dont il est victime le porte à la réclusion et c'est dans l'abri du cœur qu'il croit pouvoir panser ses blessures morales.
La solitude de René est d'abord générée par une situation sociale sans précédent, le jeune homme ayant perdu ses points d’ancrage traditionnels dans la société qu’il ne reconnaît plus, si bien qu’«aucune passion» ne l’habitait plus, «dans un monde qui ne [lui] disait rien». (l. 2) N'ayant eu auparavant aucunement besoin d'occuper un emploi, celui-ci se retrouve maintenant démuni des privilèges qui comblaient sa vie de noble : «[s]a vie [s’en trouvait] rapetiss[ée], […] m[ise] au niveau de la société.» (l. 4) Il a dû faire son deuil d'une condition sociale révolue et connaît dorénavant une «vie obscure et indépendante» (l. 7), simple citoyen «[i]nconnu» (l. 7). Sa vie présente contraste singulièrement d'avec sa vie passée. Autrefois considéré, il est maintenant «totalement ignoré» (l. 6). Le discours de René comporte d'ailleurs une antithèse qui le prouve : «plus isolé dans [s]a patrie qu’[il] ne l'avai[t] été sur une terre étrangère.» (l. 1) Plusieurs facteurs expliquent ce sentiment d'«exil» (l. 29). En plus de la perte des valeurs aristocratiques, la transformation des valeurs morales traditionnellement réputées heurte la sensibilité de René qu'on retrouve «[s]ouvent assis dans une église peu fréquentée» (l. 9). Ailleurs dans le roman, René déplore «l'impiété» et la «corruption» (l.341[1]) devenues banales. Le jeune homme est donc