, rend-t-on justice quand on a recours à son intime conviction
A-t-on rendu justice quand on a recours à son intime conviction ?
A défaut de pouvoir dire sans erreur ce qui est juste, on peut, du moins semble-t-il dire ce qu'est l'injustice,ne serait-ce que parce qu'elle est ressentie par chacun. Si, comme dirait Pascal, « l'homme est incapable de trouver le Juste », il y a à coup sûr de l'injustice, et cela notre intuition ne peut ledémentir. Chacun a ressentit l'injustice, à découvert l'injustice de façon précoce. Il n'est pas exagéré de dire que c'est par elle que l'enfant acquiert une conscience morale, c'est à dire la faculté deporter sur quelque chose un jugement de valeur. C'est dans la relation à autrui, vécue sur le mode de la comparaison et de la rivalité, à l'occasion d'un partage ou d'un classement, que naît lesentiment d'injustice. Mais la sensibilité à la justice peut s'interpréter de plusieurs façons. Elle peut témoigner de la difficulté à accepter la justice, pleine de rigueur et de sévérité et qui nousoblige au partage ou au renoncement. Elle met en évidence ce fait qu'il est plus facile de dire ce qui est injuste que ce qui est juste, comme en témoigne le premier Alcibiade de Platon. Alcibiade,persuadé de pouvoir dire ce qu'est la justice, est confronté pour finir à son ignorance. Socrate lui fait alors