Regionalization
Dans des régimes comme celui du Maroc ni les démocrates excessifs, ni les aventuriers et les idéalistes réfractaires à tout compromis, ne pourront mener à la démocratie. Seuls les impurs bienfaits de la connivence, comme ceux qui se déroulèrent en Espagne et au Portugal pourront accoucher une démocratisation à l’amiable. Les grands théoriciens des democratization studies, Philippe Schmitter et Terry Lynn Karl observent à juste titre que sur les quatre types de transitions qu’ils avaient étudiés en Europe, en Amérique Latine, en Europe de l’Est (par révolution, par imposition, par pacte et par réforme) seule la transition par pacte est susceptible de conduire à une démocratie solide. L’on peut se référer aujourd’hui à l’expérience de l’Irak (par imposition), de la Tunisie et de l’Egypte (par révolution) pour s’en convaincre.
Le pacte politique est par définition un accord signé entre les différents protagonistes dans le but de donner une chance aux principes démocratiques de s’installer et de se consolider. Cette technique, nécessite au préalable pour sa réussite une confiance entre l’ensemble des acteurs, qui réfléchissent sur une stratégie commune de sortie de crise sans porter intégralement atteinte aux intérêts des uns et des autres.
Ce pacte peut conduire par la suite à une victoire des règles de la compétition démocratique (le Portugal (1974), L’Espagne post-franquiste (1975)) et du Maroc depuis l’avènement en 1998 d’un gouvernement d’alternance politique. Mais cette transition marocaine peut être qualifiée de prolongée et non de pactée.
La « transition prolongée » sert ici à spécifier le processus démocratique lancé depuis les années quatre vingt dix du siècle dernier au Maroc jusqu’au discours historique du Roi le 09 mars 2011. Elle souligne de même son caractère graduel et le rôle privilégié de l’élite partisane notamment celle de l’opposition.