Rebecca, de Du Maurier à Hitchcock
Premièrement, il est clair que la narratrice a un énorme sentiment d’infériorité. Elle qui est si fade est incapable de soutenir la comparaison avec Rebecca, la flamboyante et adorée. Elle doute d’elle-même, de ses capacités. Elle doute même de l’amour de Maxim (1:00:05 à 1:01:56). Pour Rebecca, il s’agit d’une victoire écrasante, puisque toute sa vie durant, elle a bâti l’image qu’elle et Max étaient follement amoureux. Et elle a si bien réussi que la nouvelle mariée ne peut lever les yeux sur personne sans sentir leur regard inquisiteur : « Je suis sûre qu’ils disent : ‘‘Qu’est-ce que Maxim peut bien lui trouver?’’ Et alors, Frank, moi aussi je me le demande [...]. Vous comprenez, chaque fois que je rencontre un être nouveau, je sais qu’il pense la même chose que les autres : ‘‘Comme elle est différente de Rebecca.’’ » (p.152) La narratrice est une femme qui veut désespérément plaire, qui veut que son rêve d’amour de conte de fée se réalise. Alors, elle s’efface pour laisser son rêve apparaître de lui-même, ce qu’il ne fait jamais, Rebecca l’en empêche.
Deuxièmement, Rebecca est présente partout, tant chez les personnages que dans les objets qu’elle a touchés, le sol qu’elle a foulé. Elle est l’angoisse et l’incertitude de la nouvelle Madame de Winter : lorsqu’elle entre dans le petit salon, on sent la pression que cet endroit exerce sur elle (39:10 à 39:50). Elle est la colère de Maxim : « Je ne vais jamais près de cet affreux endroit et de [l’ignoble maisonnette de Rebecca]. Et si tu avais les mêmes souvenirs que moi, toi non plus tu n’aurais pas envie d’y aller, ni d’en