John Rawls, père fondateur de la pensée politique contemporaine (publ dans L M onde , 27 nov bre 2002, p.33 ; ié e em et dans L L a ibre Be l u e , 27 nov bre 2002, p.15.) giq em Docteur de Princeton, professeur à Cornell puis à Harvard, John Rawls n’ avait publié que quelques articles épars lorsqu’ fait paraître, à l’ de cinquante ans, un livre long et aride il âge dont personne ne prévoyait, et certainement pas lui-même, à quel point il allait révolutionner la pensée politique. En dépit d’ implications pratiques qui le situent à l’ extrême gauche de l’ échiquier politique américain, sa Théorie de la justice (1971) devient en effet rapidement la lecture obligatoire par excellence pour les enseignements de philosophie morale et sociale des universités des Etats-Unis. L’ opposition rituelle entre Rawls et les utilitaristes, puis les libertariens, puis les communautariens et à l’ occasion le marxisme analytique ou l’ éthique de la communication, se met à structurer manuels et anthologies. Parallèlement, le livre est traduit dans de nombreuses langues — cette année encore en arabe — et se répand sur tous les continents. Dans les innombrables discussions que ce livre a suscitées, Rawls lui-même est très peu intervenu directement. Il s’ cependant efforcé de clarifier de nombreux points dans les est éditions successives de ses notes de cours finalement publiées sous le titre Justice as Fairness (2001). Il s’ aussi engagé dans une réflexion sur les présupposés de son approche, au fil est d’ essais ultérieurement intégrés dans son Libéralisme politique (1993). Enfin, dans The Law of Peoples (1999), préparé tout en luttant contre une santé déclinante, il s’ attaqué à la est question de savoir comment sa conception de la justice devait être comprise pour pouvoir s’ appliquer au niveau mondial. Aux antipodes de son cadet Robert Nozick, orateur brillant et débatteur virevoltant, décédé en janvier dernier, Rawls s’ attelé à un grand projet central, poursuivi pendant plus d’ est