Raptus
Baudelaire amusé, rime dans son tombeau,
Toujours la même force, la même déraison,
Ses mots me parviennent au delà de mes peurs.
C'est bien à moi que parlent, d'une langue sans mots,
Les particules, là, fondues, réincarnées,
Flânant dans l'atmosphère, doux cimetière, beaux
Morts libérés, vibrants, je vous entends souffler,
Me chuchoter tout bas, d'une langue sans chair.
Majestueuse déraison, comment ferais-je
Si l'on m'avait, naissant, gavé de rationnel,
Et du même geste coupé les douces ailes,
Vols, que jaloux, fiers, par des morsures abrègent.
Le soleil tape fort sur ma peau. Ma chambre l'accueille à bras ouverts, ce sont ses dernières fêtes avant l'automne pluvieux. Il joue avec les reflets qu'il impose à tout ce qu'il peut atteindre, en s'infiltrant par les ouvertures bien orientées. La lumière imparable se déposent géométriquement sur les formes et les reliefs sans faire aucune distinction. Il lie les matières, les objets entre eux, et révèle des affinités inattendues : le tissu brille et le métal luit pour le lui rendre, les bois reflètent les feuilles dorées des plantes avinées; tout se mélange dans les éclats. Les parties oubliées dans l'ombre semblent jalouses, ces corps gris ont l'air d'envier la flamboyante cérémonie. Tous les bidules anodins s'éveillent au passage de cette langue de feu, puis semblent retomber mollement dans leur insignifiance, retrouvant le calme et l'ennui de l'obscurité.
Une fois par jour, pendant des lustres, puis plus