Rapport parent-enfant
Quand il la vit sur le quai, il fut très surpris. Comment avait-il pu craindre cette petite femme tout habillée de noir ? Mais il n’eut pas le loisir de s’interroger davantage, le to, revêche et la joue sèche qu’elle lui tendit le rappelèrent à la triste réalité.
Elle proposa, ou ordonna plutôt, d’aller déjeuner. Le choix du restaurant fut difficile : celui-ci, vide, ne devait pas être fameux, celui-là sale, de toute évidence, cet autre bruyant. Ils finirent par entrer dans une gargote quelconque et le supplice recommença. Ma mère ne cessait de donner des ordres à son fils : « Tiens-toi droit ! Mange du pain, tu n’auras pas à commander d’entrée ! ». Jacques baissait la tête sans réagir, mais il ne put se contenir quand elle fit une remarque sévère au patron à propos de la viande du pot-au-feu.
« Maman, arrête, tout le monde nous regarde. Ne pourrais-tu pas être un peu aimable pour une fois ?
- Comment ? je dois tout accepter, même le pire, pour ne pas te gêner ? J’en étais sûre, la vie indépendante ne te vaut rien, tu ne respectes plus ta mère !
- M’as-tu donné beaucoup de raisons de le faire dans mon enfance ?
- Que veux-tu dire ? Ne t’ai-je pas donné le meilleur ? N’as-tu pas reçu une bonne éducation ?
- J’ai surtout souffert de ta violence, de ton manque d’affection pour moi.
- J’ai fait pour le mieux. Ce n’est pas dans le coton que l’on construit un homme ! Il a fallu forger ton caractère, et ce n’était pas simple. J’ai eu