Racine phédre
Comment par une stratégie d'opposition, de contresens voire de quiproquo, Racine fait-il avouer à Phèdre l'amour incestueux qu'elle éprouve pour Hippolyte ?
Extrait:
La tirade de Phèdre est un éloge à l'Amour. En effet, nous pouvons remarquer le champ lexical de l'amour : « je languis », « je brûle », « je l'aime » présent dès les premiers vers. Par ailleurs, une métaphore filée de l'amour-feu peut être aperçue : l'amour est comparé au feu, aux flammes et à la chaleur : « je brûle », les « enfers », les labiodentales en [f]. Ainsi, l'amour de Phèdre est montré comme étant douloureux, notamment avec l'emploi du verbe « languir » qui signifie au XVIIème siècle, souffrir d'amour. Il y a une incantation de l'amour par l'emploi répété de « tel que ». « Tel que » laisse entendre un son dur (dentales (t) et palatovélaire (k)) qui annonce la fatalité de Phèdre car cet amour est impossible, notamment parce qu'Hippolyte n'éprouve pas pour Phèdre la passion qu'elle ressent à son égard. Hippolyte ne reçoit alors pas l'amour dont elle lui fait l'aveu.
b. Un amour caché
Le début de la tirade de Phèdre prouve son malaise quant à la situation : le premier vers a un rythme croissant qui nous fait penser qu'elle prend de l'élan pour se donner la force et le courage d'avouer ses sentiments. Phèdre commence sa tirade en faisant le portrait de son époux Thésée qu'elle croit mort, mais en réalité, c'est celui de son beau fils Hippolyte qu'elle est en train de faire. Ainsi, elle fait croire que l'amour passionnel qu'elle éprouve est pour Thésée et se légitime : Thésée est son époux, elle peut donc l'aimer sans honte ni peur. En revanche, les véritables sentiments de l'héroïne ne tardent pas à se faire savoir. En effet, la tirade commence par une apostrophe (vocatif latin) à Hippolyte : « Oui, Prince ». (...)