« Le Rêve est une seconde vie » dit Gérard de Nerval au début de l’Aurélia. Mais la première vie, celle que nous menons lorsque nous sommes éveillés, est-elle bien différente de la seconde ? L’opposition semble bien évidente. En effet, le rêve dans sa définition même semble dissocié de la réalité. Lorsque nous disons de quelque chose que c’est un rêve, nous entendons naturellement que cette chose n’a rien de réel. Le rêve a cependant plusieurs sens à ne pas confondre, il peut être le rêve au sens d’activité psychique, avec suite d’images se produisant pendant le sommeil. Mais il y a aussi le rêve, comme rêverie éveillée, et comme espérance, désir. Le phénomène semble donc avoir affaire à l'imaginaire et à l'illusion, c’est une construction de l’imagination à l’état de veille, une pensée qui cherche à échapper aux contraintes du réel. Quel peut alors être son rapport à la réalité ? Malgré les apparences, le rêve n’est peut-être pas si irréel. Le fait de rêver n’est-il pas réel ? Tout homme dort, donc chacun rêve, donc le rêve fait bien partie intégrante de notre réalité. Le rêve influence ensuite notre réalité tout comme notre réalité influence nos rêves : nous essayons bien d’expliquer la réalité par le rêve. Ils seraient donc à la fois opposés et liés ? Nous pourrions même pousser l’idée du rêve associé à la réalité jusqu’au bout et nous demander alors : qu’est-ce qui distingue véritablement le rêve de la réalité ? Qui nous dit que toute cette existence n’est pas qu’un simple rêve et ne pouvons-nous pas dire, avec Calderon, que « la vie est un songe » ? Car, lorsque, à l'état de veille, je perçois une réalité qui m'est extérieure, comment puis-je être certain que je ne rêve pas ? Quels sont donc les rapports entre le rêve et la réalité, faut-il les séparer ou sont-ils intrinsèquement liés ?
N’oublions pas qu’il y a différentes réalités, que chacun, hors de la réalité universelle, a sa propre réalité. Prenons le rêve dans le sens de phénomènes