« Qu’est-ce qui fait la richesse des nations ? »
Introduction :
Le commerce , qui a enrichi les citoyens en Angleterre , a contribué à les rendre libres, et cette liberté a étendu le commerce à son tour…Quelques années avant l’apologie de l’esprit de commerce qu’entreprend Montesquieu dans De l’Esprit des lois ( 1748), Voltaire , alors en exil forcé en Angleterre, ( 1734), constate ainsi qu’une petite île , qui n’a de soi-même qu’un peu de plomb, de l’étain, de la terre à foulon et de la laine grossière, est devenue par son commerce assez puissante pour envoyer , en 1723, trois flottes à la fois en trois extrémités du monde… Sans ressources naturelles remarquables , les anglais trouvent pourtant le moyen d’un enrichissement collectif à l’origine d’une hégémonie économique et politique que la France tentera vainement de lui contester ( Napoléon Ier) pour se résoudre finalement à l’ imiter ( Napoléon III) . Voltaire comprend avant ses contemporains qu’il est désormais une nouvelle forme de richesse que ne délivrent ni la naissance ni la terre : le négoce. Au mouvement des « Lumières » par conséquent d’ en répandre la nouvelle, d’ en propager les principes, d’en instruire les peuples d’Europe afin que le commerce devienne la richesse des nations et non simplement la cause de la puissance de l’une d’entre elles.
Et c’est bien de la richesse des nations , et non de celle des Princes ou des Etats, dont il est à présent question au dix-huitième siècle. La préoccupation est neuve : ce ne sont plus les réserves d’or et de pierres précieuses de l’Empereur ou du Monarque ou encore les Trésors de telle ou telle Eglise qui font la richesse d’un pays, mais bien la prospérité des populations en même temps que les ressources dans lesquels peuvent puiser les peuples lorsqu’ils sont menacés. De fait, si la « richesse des nations » – expression lexicalisée par le succès de l’ouvrage de l’écossais Adam Smith en 1776 , Recherche sur la nature et les causes de la richesse des