Question sur le theatre
Les trois textes proposés sont des extraits de pièces de théâtre, toutes trois contemporaines. Écrites au xxe siècle en ce qui concerne Amphitryon 38 de Jean Giraudoux, en 1929, et Rhinocéros d'Eugène Ionesco, en 1959 ; au début du siècle suivant en ce qui concerne Le Cas Jekyll, pièce écrite en 2007 par Christine Montalbetti d'après la célèbre nouvelle de l'écrivain anglais Stevenson. Chacune rend compte d'un processus de métamorphose de personnages, mais de manières différentes.
S'ils ont ce point commun de représenter à première vue une dégradation physique, voire morale, la nature et la signification symbolique des métamorphoses varient d'un texte à l'autre. Dans Amphitryon 38 de Giraudoux, il s'agit du Dieu des dieux dans le Panthéon latin, Jupiter, qui se transforme en homme pour le seul plaisir de séduire une femme, Alcmène, en prenant les traits de son époux Amphitryon. Il passe donc du statut de dieu, immortel et tout-puissant à celui de sa propre créature, un simple humain avec toutes ses imperfections, ses souffrances – des yeux faits pour pleurer par exemple ses faiblesses aussi bien physiques – le vieillissement, la mort – qu'intellectuelles, son ignorance qui lui fait croire que la Terre est plate et immense, et morales – son orgueil démesuré perceptible dans les superlatifs de supériorité de la dernière réplique. Mais c'est surtout, pour Giraudoux, l'occasion de définir avec humour et légèreté quelques traits caractéristiques de l'humanité, condition à laquelle un dieu condescend par jeu amoureux. Dans Rhinocéros, de Ionesco, il s'agit d'un homme, Jean, qui renonce volontairement à son humanité en se transformant en rhinocéros : « […] pourquoi ne pas être un rhinocéros ? J'aime les changements. » C'est un animal monstrueux par sa taille, par sa violence destructrice, symbolisée par sa corne, « il fonce vers Bérenger tête baissée et menace de le piétiner ». L'abandon des vêtements évoque la régression animale tandis que le jeu de mots «