Question de corpus sur les registres
Voltaire (1694 - 1778 ) est un des plus grands écrivains français, tant par son talent que par sa variabilité dans les genres. Tantôt philosophe, tantôt polémiste satirique, il laisse derrière lui une œuvre considérable de textes engagés ayant marqués l'histoire par leurs propos osés et révoltants. Comme les trois extraits dont nous disposons, tirés de Histoire des voyages de Scarmentado écrite par lui-même, Torture et Lettre à monsieur le comte d'Argental, respectivement écrits en 1756, 1764 et 1762. Le premier passage nous relate les mémoires d'un jeune homme faisant l'expérience de l'intolérance, l'injustice et la tyrannie au sein de l'Espagne. Dans le suivant, Voltaire fait une critique violente de la torture, traitement encore infligé aux accusés, malgré son abolition en 1780. Quant au dernier, Voltaire rédige une lettre a l'adresse d'un comte, lui relatant l'injustice et les traitements infligés à un père de famille qu'on a roué, malgré le manque de preuves et le témoignage de certaines personnes de sa famille l'innocentant.
L'utilisation par Voltaire du registre polémique est quasi évidente, son but étant de dénoncer par des propos violents, voire agressifs. Dans sa Lettre a monsieur le comte d'Argental, Voltaire s'engage personnellement à dénoncer l'injustice face aux présumés coupables, par l'utilisation très prononcée du « Je » ( « je m'intéresse si fort … » ). Il pose notamment une question très pertinente, résumant bien la justice de l'époque : « A quoi tiens donc la vie des hommes ? » à laquelle il répond : « Quoi ? Parce qu'il ne s'est pas trouvé un sixième juge raisonnable, on aura fait rouer un père de famille … » ce qui dévoile l'absurde des jugements de l'époque, injustice que Voltaire va dire qu'elle « déshonore la nature humaine » . Pour conclure, il ira même jusqu'à qualifier de « fanatisme horrible » la pensée du peuple, expliquant peut-être même l'attitude des juges (« fanatisme qui a pu passer du peuple aux juges