"quand tu es dans l'opposition, tu ne peux l'ouvrir, quand tu es dans la majorité, on te demande de la fermer"
Le pouvoir législatif sous la Ve République
« Après l’expérience que nous fîmes, sous la IVe République, il était inévitable, et sans doute indispensable que, dans les débuts de la Ve, le Parlement se trouvât resserré dans un lacis de contraintes, d’autant plus étroit qu’il avait été établi avant la réforme de 1962, qui assure au pouvoir présidentiel la force incomparable de l’investiture nationale directe ». Cet extrait d’un discours d’Edgar Faure devant l’Assemblée Nationale, dont il était Président en 1977, souligne bien l’influence des précédentes républiques, et particulièrement de la quatrième, dans l’imaginaire collectif constitutionnel. Le bicentenaire de la Ve République est effectivement passé, laissant derrière lui une constitution datée et marquée historiquement : en 1958, il était question de ne pas reproduire les erreurs d’une IVe République dont la fragilité reposait, pensait-on, sur une omnipotence législative qui causait toutes les instabilités. Pour De Gaulle, l’heure est ainsi à l’aggiornamento : renverser cette assemblée menaçante et instituer un pouvoir présidentiel fort. L’Assemblée Nationale existe toujours, mais elle ne refait plus le monde comme elle a pu le faire autrefois.
C’est dans ce contexte que Laurent Fabius rapporte des propos qui lui ont été tenus par un député à la fin des années 1970 : « Quand tu es dans l’opposition, tu ne peux pas l’ouvrir, quand tu es dans la majorité, on te demande de la fermer. »
Il est ici fait état, non seulement de la relativisation du statut parlementaire, mais encore de sa quasi-impossibilité institutionnelle à pouvoir se faire entendre et jouer un rôle effectif dans la vie politique.
Effectivement, le « mentor » de Fabius affirme que la majorité – que l’on peut définir comme le groupe ou la coalition qui réunit le plus grand nombre de suffrages ou d’élus et qui acquiert ainsi un