Qu'est-ce que philosopher ?

« C'est recommencer à zéro dans l'ordre des significations », c'est « recréer la chaîne entière des significations et des concepts », répond Jean-Luc Nancy. Il précise que si philosopher « est une activité solitaire », elle s'adresse à tous les hommes : « dans ce domaine, le plus solitaire est donc également le plus adressé aux autres. » Les hommes ont-ils depuis toujours pris le risque de recommencer à zéro dans l'ordre des significations ? Très clairement, non. Les hommes ont commencé par mettre en scène le sens d'être du monde humain dans des mythes. Le sens du monde apparaissait en mettant en scène la provenance du monde. Cette provenance trouvait son origine dans un temps qui précédait le temps humain : le temps des dieux, des immortels. Ainsi le mythe de Prométhée et d’Épiméthée commence ainsi :

« C'était au temps où les dieux existaient, mais où n'existaient pas encore les races mortelles. »

Donc, quand les hommes vivaient sous le régime du muthos (fable), le sens du monde était donné à l'origine une fois pour toutes et les hommes transmettaient ce sens à travers des rituels initiatiques.

Mais vers le VIIème avant Jésus-Christ apparu en Grèce un nouveau régime de discours que les grecs nomment logos. Sur Wikipédia on peut trouver l'étymologie suivante :

« Logos, dérive du grec λόγος, lógos « parole, discours » et désigne le discours (textuel ou parlé). Par extension, logos désigne également la « rationalité » (l'intelligence), conséquente à la capacité à utiliser une langue (γλῶσσα glossa, γλῶττα glotta « langue »). »

Le logos, comme discours purement rationnel, trouve son expression la plus pure dans le discours mathématique.

Qu'est-ce qui caractérise ce discours ? Il se caractérise par le fait de se fonder sur des hypothèses dont le sens est défini très rigoureusement par le mathématicien. De ces hypothèses le mathématicien infère des déductions selon des règles tout aussi rigoureuses. On