Qu'est ce que la nation
Dans cette conférence prononcée le 11 mars 1882 Renan se positionne contre une vision allemande de la nation, dans le contexte de la défaite de 1870 et de l'annexion par l'Empire allemand de l'Alsace-Lorraine. Il formule l'idée qu'une nation repose à la fois sur un héritage passé, qu'il s'agit d'honorer, et sur la volonté présente de le perpétuer.
“Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis".
Ce texte est devenu l'emblème d'une conception française de la nation, basée sur la volonté d'une population de former une nation, par opposition à une conception allemande censée être beaucoup plus essentialiste (fondée sur la race, la langue et la religion).
“L’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de coeur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation.”
Les Discours à la nation allemande (1807) de Johann Gottlieb Fichte sont souvent pris en exemple de la conception allemande. Les deux auteurs s'expriment pourtant à 75 ans d'intervalle.
Le texte figure au programme des examens de la fonction publique en