Psychologie des organisations
« Les intellectuels ont un rôle d’éclaireur dans l’exploitation des enjeux de demain. Insensibles aux sirènes des doctrinaires et des utopistes qui ont égaré tant de leurs aînés, ils feront œuvre utile… »
Dillep Padgaonkar
De quel côté serait-il sage de se ranger : celui des intellectuels « spectateurs – engagés » comme les qualifiait R.Aron, isolés dans leur tour d’ivoire, contemplant l’évolution politique et sociale et menant, à l’ombre, une réflexion critique susceptible de donner à réfléchir aux dirigeants mais sans engagement politique et sans tentation par le pouvoir ? Ou alors du côté de ceux qui soutiennent que le changement, que le progrès social et le développement économique passent par l’engagement politique de l’intellectuel appelé à assumer sa responsabilité aussi bien à l’égard de la collectivité qu’envers l’histoire ?
En cette première décennie du troisième millénaire, le monde est traversé par de graves crises politiques : les marasmes économiques, les désordres et les désarrois sociaux découlant d’un libéralisme sauvage et effréné, n’épargnent presque aucun pays. Et dans le tumulte du prêt à penser fabriqué par certaines idéologies triomphalistes, de l’intelligibilité et de la perte de sens, les points de repères les plus solides et les plus fiables qui rassuraient jadis individu et collectivité s’estompent, cédant la place aux incertitudes et aux appréhensions. Ainsi, l’écart se creuse-t-il, comme le soulignait une fois Ignacio Ramonet, « entre ce qu’il faudrait comprendre et les outils conceptuels nécessaires à la compréhension ».
C’est alors qu’apparaît l’intellectuel comme l’ultime secours dans un monde à vau-l’eau, un monde de plus en plus irrationnel surfant sur les vagues géantes d’un progrès matériel sans âme, emporté au gré des vents idéologiques dévastateurs et de l’implacable paradigme du marché vers un avenir incertain. Disposant de suffisamment de recul mais surtout d’instruments intellectuels