[2. La femme aimée] La femme aimée ne partage en rien ces goûts. Ce n'est pas seulement une citadine, mais une Parisienne, attachée à la capitale au point d'en être « fière ». Cette épithète sur laquelle se termine la première strophe exprime l'adéquation parfaite entre la femme et Paris. L'abîme se creuse ainsi entre la Parisienne, éprise d'une ville qui passe pour le haut lieu de la civilisation, et le « sauvage », égaré dans une ville où il dépérit! En outre, la Parisienne aime tout ce qui fait la spécificité d'une ville, la présence de la foule, les divertissements mondains de grande classe comme le bal de l'Opéra, mis en relief par sa place entre deux groupes binaires, alors que le poète préfère la solitude et le silence de la nature. Le rythme alerte des vers 9 et 10, dans une phrase scandée par deux « et » et deux virgules, évoque ce tourbillon mondain qui plaît tant à la Parisienne. Elle apprécie également les progrès techniques comme le gaz, qui contribuent à augmenter le confort, elle aime même la réclame, forme ancienne de la publicité. Le dernier vers qui présente la jeune femme en déshabillé, le « clair peignoir ruché », laisse entendre qu'elle est sans doute particulièrement attentive à la réclame pour la mode, telles les héroïnes du Bonheur des dames, ce roman de Zola contemporain du Coffret de santal. Malgré l'opposition de leurs personnalités, de leurs goûts et de leurs rêves, le poète est très amoureux de sa Parisienne, il avoue qu'il se laisse envoûter par son charme: « ... vos regards charmeurs
M'attirent à la mort ». L'enjambement du vers 3 au vers 4 met en valeur l'épithète « charmeurs », placé à la fin du vers et auquel il faut donner son sens classique d'« ensorceleurs », « qui exercent un pouvoir magique ». Cette femme lui fait perdre la tête. Non seulement, par amour pour elle, il fait violence à ses goûts pour se « civiliser l'âme », mais il oublie de réaliser ses propres rêves: « Moi, j'oublie, à vous voir, les