Préparation commentaire antelme
Lecture analytique n°3 : Robert Antelme, L’Espèce humaine, 1947
Une réflexion sans pathétique
1. Certains procédés visent à donner au texte une portée générale qui permet d’éviter le registre pathétique. Le présent de narration (par exemple, « nous restons des hommes », l. 7) alterne ainsi avec un présent de vérité générale (par exemple, « il y a une espèce humaine », l. 18-19). De nombreuses phrases haussent le texte à la dimension d’une réflexion philosophique, par l’emploi de noms abstraits associés à des articles définis à valeur générique : « la loi » (l. 6), « l’histoire des hommes » (l. 13), « l’existence » (l. 40), « la puissance du meurtre » (l. 46), etc. Enfin, l’auteur utilise à plusieurs reprises les tournures impersonnelles présentatives « il (n’) y a (pas) » (l. 7, 18, 37).
2. L’auteur emprunte son vocabulaire aux sciences exactes (« loi », l. 4, « axiome, l. 32), mais surtout aux sciences de la vie et aux sciences sociales :
Sciences de la vie
« espèce(s) » (l. 3, 9, 10-11, 14, 18, etc.),
« bête(s) » (l. 5, 34), « mutation » (l. 11),
« maladie » (l. 12), « nature » (l. 17),
« générations » (l. 30), « races » (l. 31),
« êtres » (l. 38), « variétés » (l. 40)
Sciences sociales « classes » (l. 16, 31), « historique » (l. 9,
10), « histoire » (l. 13), « coutumes »
(l. 16), « exploités » et « asservis » (l. 39)
L’emploi de ce vocabulaire technique permet, d’une part, d’éviter le pathos en détachant l’expérience vécue du subjectif, d’autre part, de tirer une réflexion générale sur la nature humaine dans son double aspect biologique et social.
3. L’argumentation s’appuie sur des procédés rhétoriques qui lui donnent une force persuasive. On peut repérer d’abord la métaphore de la « maladie » (l. 12) qui permet d’évoquer l’état des déportés dans les camps comme une anomalie, tout en suggérant la continuité de l’espèce humaine. L’anaphore de la tournure clivée « C’est parce que… » (l. 19