Proust
Longtemps, je me suis couché de bonne heure, le célèbre incipit, de la Recherche est énoncé par un narrateur (premier « je ») insomniaque qui se remémore les différentes chambres à coucher de son existence. Il évoque ainsi les souvenirs de Combray (vécus par un deuxième « je », celui du héros), lieu de villégiature de son enfance. Souvenirs tous issus de la mémoire volontaire, c'est-à-dire la mémoire de l'intelligence, celle qui donne sur le passé des renseignements qui ne conservent rien de lui.
Le « je » du narrateur fait l'ouverture et la fermeture de « Combray » (mais de la Recherche aussi bien), il convoque le « je » du héros aux différentes époques de sa vie. Epoques qui rentreront brusquement en correspondance lors des expériences répétées de mémoire involontaire vécues dans Le Temps retrouvé, desquelles émergera le « je » intemporel de l'auteur-narrateur.
Mémoire volontaire et mémoire involontaire[modifier]
C'est à l'occasion de la célèbre scène de la madeleine que le héros, à une époque bien plus tardive que celle du récit principal de Combray, va vivre sa première expérience de mémoire involontaire (les autres ne suivront que dans Le Temps retrouvé). Dès qu'il eut reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que lui donnait jadis sa tante à Combray, des pans entiers de sa mémoire ressuscitent, "comme dans ce jeu où les Japonais s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d’eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s’étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables".
L'auteur se consacre alors au récit de la vie de la famille du narrateur, de ses domestiques et des habitants de Combray, donnant lieu à des peintures de personnages pleins d'humour (le snobisme de l'ingénieur Legrandin, la cruauté de Françoise envers la fille de cuisine...).
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