protezction et promotion des personnes vulnerables
Sous l’angle de la bioéthique, la vulnérabilité commence par un consensus de fond. Nous sommes généralement d’accord que les personnes vulnérables ont droit à une protection – ou une attention – particulière. Ce consensus, central dans la prise en charge clinique de populations affaiblies ou marginalisées, est repris par des textes internationaux qui traitent souvent de la protection de la vulnérabilité comme d’un minimum : «Les politiques de santé construites sur un souci de justice assureront que les soins de santé sont équitablement distribués dans la population. Cela signifie qu’une priorité est accordée aux pauvres et à d’autres groupes vulnérables et socialement marginalisés» écrivait par exemple l’OMS en 2005.1 Protéger la vulnérabilité, c’est important. Mais qui est vulnérable et quelles sont les protections requises ? Ces questions sont plus difficiles. Cet article passera en revue différentes versions de la vulnérabilité que l’on trouve dans la littérature, proposera une définition de la vulnérabilité sous l’angle de la bioéthique et examinera comment cette définition pourrait s’appliquer d’une part aux vulnérabilités claires et d’autre part, aux vulnérabilités dont le statut est controversé.
Situation clinique :
Un patient, âgé de 35 ans, est hospitalisé en état de cachexie extrême pour une diminution de l’état général avec état confusionnel. Il a immigré illégalement en Suisse depuis un pays d’Afrique de l’Est il y a quatre mois. L’ami qui l’amène (presque de force) à l’hôpital décrit au personnel soignant que le patient aurait refusé, de manière répétée, d’y venir : certain de souffrir du VIH, il disait craindre par-dessus tout que sa famille ne l’apprenne. A l’entrée, la sérologie VIH est négative et le taux de CD4 normal, mais le bilan d’entrée révèle une tuberculose compliquée d’un état de dénutrition sévère, avec troubles électrolytiques. Un traitement antituberculeux est initié en même temps qu’une renutrition sous contrôle