Prohibition
Les urgentistes de l'hôpital n'auront pas le temps de porter le bon diagnostic. L'homme est mort avant que l'on ne comprenne que ses hallucinations d'origine alcoolique n'étaient en réalité qu'un symptôme. Plus tard dans la journée, un autre fêtard connaît le même sort; puis un autre encore... A la tombée du soir, l'hôpital a déjà accueilli plus de soixante personnes souffrant d'intoxications similaires; huit d'entre elles perdent la vie. A New York, dans les deux jours qui suivront, vingt-trois autres buveurs mourront dans les mêmes circonstances.
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Les cas d'intoxication à l'alcool n'avaient plus de mystère pour les médecins de l'époque —à l'ère de la Prohibition, la chose faisait partie du train-train quotidien. Les whiskeys de contrebande et autre gins douteux intoxiquaient bon nombre de buveurs. L'alcool élaboré dans les distilleries clandestines était souvent de mauvaise qualité (du fait de la présence de métaux et autres impuretés). Mais cette vague d'intoxication sortait de l'ordinaire. Les enquêteurs eurent tôt fait de découvrir que les décès n'étaient pas dus au hasard —bien au contraire: ils avaient été délibérément provoqués par le gouvernement des Etats-Unis.
Effrayer les buveurs
Les agents fédéraux de l'époque, furieux de constater que la consommation d'alcool demeurait forte malgré l'interdiction, avaient décidé d'opter pour une nouvelle méthode. Ils avaient ordonné l'empoisonnement des alcools industriels élaborés aux Etats-Unis, produits régulièrement volés par les contrebandiers, qui les recyclaient avant de les revendre sous la forme de